JOSEPHINE En ce jour d’avril 1806 fut décidée par décret la création d’un nouveau corps d’élite garant de la suprématie impériale. Les régiments de ligne furent mis à contribution, et l’on manda parmi les officiers des Chasseurs des volontaires pour former le nouvel état-major. C’est ainsi que je rejoignis les effectifs de la prestigieuse Garde et fis du gardien des Hespérides le symbole de ma fierté. J’avais suivi ma formation auprès de la cavalerie légère, dans le régiment Berchény, chez les hussards. Fils de bonne famille, je venais de rejoindre les Vélites, et le hasard des affectations voulut que mon instruction militaire se fasse, en mars 1800, sous les ordres de monsieur de Juniac, capitaine du premier escadron. Sous la houlette de cet homme d’exception, mes compagnons et moi-même défendîmes avec hargne les intérêts de la France, combattant à tours de rôle sous les ordres de Murat, Dessaix et Mac Donald. D’une certaine façon, le général Mac Donald nous causa quelques torts. Tout hargneux et de mauvaise compagnie qu’il était, il n’en était pas moins un stratège de talent car ce fut la prise de Trente, sous son commandement, qui mit à mal l’armée autrichienne d’Italie, autorisant par la même occasion l’armistice et quelques jours plus tard la signature du traité de Lunéville, établissant la paix entre le royaume de M. l’Empereur, Roi de Hongrie et de Bohême et la République française. En ces temps de paix, nombre de mes camarades de régiment furent rendus à la vie civile, comme m’abandonnant, seul, aux ordres du premier consul. J’en profitais pourtant, pour rejoindre le 9ème régiment des Chasseurs avec le grade de capitaine, souvenir de la bataille de Marengo où sous le coup de mes charges, je permis la prise de trois postes ennemis. Quatre longues années s’écoulèrent ensuite, pendant lesquelles ma vie ne fut rythmée que par d’incessants entraînements et défilés. Mais personne n’était dupe, et le plus sot des faquins n’ignorait pas, la guerre étant sur toutes les lèvres, que les anglais ourdissaient encore de fâcheux projets. Heureusement pour nous, officiers, il n’était pas rare que notre compagnie soit de bonne augure et souvent le soir, c’était dans l’allégresse que nous festoyions en compagnie de la nouvelle bourgeoisie à de somptueuses réceptions, défendant une coupe à la main l’honneur de la république, puis de l’empire, toujours de la France. Les combats reprirent en 1805. C’est cette année que je reçu ma première blessure. Un boulet de canon me brisa la jambe d’un malheureux rebond, causant par ailleurs la mort d’une atroce manière de mon poil bai, monture que je n’avais quitté depuis mon engagement et qui m’avait servi, admirablement, dans toutes les situations, si délicates et difficiles qu’elles furent. Une forte fièvre me saisit alors dont je ne sortis indemne que par la grâce de Dieu et les soins avisés d’un médecin de la Garde. Une vie pour une vie, je décidais donc de tenter ma chance auprès des proches de l’Empereur. Mes états de service aidant, je fus ainsi reçu chez les Dragons, commandés d’une main de fer par un des cousins de Bonaparte, M. de Casanova, dépositaire d’un sabre d’honneur. Tôt ce matin, Joséphine inspectait nos rangs, et sur mon alezan, j’attendais, grand et droit, avec mon pan de drap vert et mon gilet blanc. Nous n’avons pas de pouvoirs, nous ne sommes pas des héros, mais pour vous madame, nous combattrons. Car avant d’être des hommes, nous sommes des Dragons. Les Dragons de l’Impératrice. Et en votre nom, nous mourrons. 11 septembre 1806 Réalisé par Caveant Consules.
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